SAINT URSANNE

 

 

             


         Dans le petit village de Saint Ursanne, qui se trouve dans la vallée du Doubs (côté Suisse, Berne), vous trouvez la collégiale Saint Ursanne qui date du XIIe siècle. A l’entrée du portail Sud, un chapiteau exceptionnel. En effet, vous trouvez sur celui-ci une sirène représentée d’une façon inhabituelle, c’est pour cela que contrairement à nos habitudes, nous avons passé la frontière .

          Voici ce chapiteau, les photographies sont de l'abbé  Pierre Salvadé, nous avons essayé de lui demander l'autorisation d'utiliser ses photographies, mais nous n'avons pas pu le contacter.

  

                                                                                                                                                                     

             
Nous allons essayé de lui donner une explication:

              Côté gauche:

 

 

                Ici vous voyez une sirène, peut-être masculine, elle a une longue chevelure , elle porte sur son épaule gauche un gros poisson. Le poisson est un symbole chrétien, il a la gueule ouverte, il parle à l'oreille de la sirène. On pourrait poursuivre le symbolisme, en disant que le poisson vivant dans l'eau, en y voyant une allusion au baptême.

                Comme vous pouvez le voir cette sirène a des jambes, elle correspond à celle du bestiaire de Philippe de Thaon (1125), excepté les pattes qui ici sont de vraies jambes. Il semble que vous pouvez voir une queue d'oiseau (partie brune).

                   Vous pouvez voir aussi dans les bestiaires du moyen-âge des sirènes de cette manière avec en plus des ailes/

                  Au centre:

                   

              Voici l'exceptionnelle sirène, la sirène a deux queues et deux jambes humaines qui allaite un bébé sirène a deux jambes aussi, on ne voit qu'une seule queue.

              Dans son lexique Olivier Beigbeder écrit: "Si la sirène participe de l'écaille et de la plante, plus généralement du croisement, c'est qu'elle évoque bien le croisement lui-même, l'inconnaissable, le monde de l'au-delà. D'autre part, les diverses acceptations de la sirène ou du triton s'accordent avec l'idée du luxurieux ou de la luxurieuse: la sirène est l'âme après la mort, dans l'attente du Jugement. Elle correspond à la transformation en animal de l'homme pécheur devenu, dit saint Bernard , quasi bestia. Ses apparences sont celles que le péché a inscrites sur sa personne, sur son faciès notamment, défauts plus ou moins apparents qui feront pencher la balance dans un sens ou dans l'autre (Anges, Démons)".

                Dans la hiérarchie savante établie entre les sirènes, la sirène-oiseau est supérieure à la sirène-poisson. C'est peut-être pour cela que la sirène de gauche lui offre le poisson

                Nous voyons dans cette image que si la sirène centrale se fait baptiser, le sort que lui ont les muses serait effacé et avec une nouvelle éducation, elle pourrait redevenir humaine. C'est la transformation qui commence à se faire, elle a maintenant des jambes, et son enfant aussi.

                Côté droit:

 

                  Le côté droit, c'est le bon côté, celui du défenseur, de l'actif, de l'avenir. Il semble que vous pouvez voir dans ce personnage un ange, ce que peut figurer la partie bleue, les ailes. Il nous montrerait le résultat obtenu après que a sirène ait obtenu le baptême

 

                   Vous pouvez retrouver une sculpture similaire dans l'église Saint-Nicolas de Fribourg en Breisgau (Allemagne)

                                                                                                                          Petrus Agricola

 

                Ici la sirène de gauche, qui a déjà subit une transformation (une seule queue, elle n'a plus d'écailles entre les jambes, mais un pagne) semble parler à la colombe dont la queue est tenue par l'enfant qui se trouve dans les bras de l'autre sirène( qui a deux queues) qui est sa mère.

                 Souvent dans l'art des premiers chrétiens , la colombe apparaît entre deux poissons, qui eux représentent incontestablement les fidèles, d'ordinaire c'est toujours un emblème personnel du Christ qui se trouve ainsi entre eux, et vers lequel ils vont.

                 La colombe: le fait qu'elle soit aussi, iconographiquemnt, mise en rapport avec le double-poisson rappelle la fécondation des eaux primordiales par l'Esprit, et aussi la régénération par les sacrements chrétiens du baptême et de la confirmation..

               Au XIIe siècle Philippe de Thaon écrivait:

"Li colums signefie

Jhesu le Fiz Marie

Et nus, ses colums sumes"

               "La colombe représente Jésus, fils de Marie; et nous sommes ses petites colombes"

                Vous voyez entre cette sirène et la colombe, un poisson tête en bas, ce qui signifie à un renoncement à la vie aquatique. L'enfant qui est encore "poisson" pas de jambes, retient la colombe pour quelle puisse le convertire et qu'il devienne humain après son intervention

                Saint Jean relatant le baptême du Christ, en parlant du Baptiseur Jean-Baptiste) nous dit: "J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s'est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas; mais Celui qui m'a envoyé baptiser ma' dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est lui qui baptisera dans l'Esprit-Saint. Et moi j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu".

                 Ici ce n'est pas le même cas, mais c'est la même situation, c'est le baptême qui est demandé à l'Esprtit-Saint, représenté par la la colombe.

                C'est donc la même scène qui est représentée d'une manière différente dans ces deux églises.